C’est une équipe de chercheurs à Oxford University qui organise cet essai inédit. Il faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant d’être certains du résultat.
Ils sont pour le moment deux héros. Samedi, ils seront six et, dans une semaine, beaucoup plus. Au total, ils sont exactement 1 102 à s’être portés volontaires pour participer au premier test sur des humains en Europe d’un vaccin contre le Covid-19. Le vaccin, ChAdOx1 nCoV-19 de son petit nom scientifique, a été développé en un temps record – trois mois – par une équipe de chercheurs de l’université d’Oxford. Jeudi, Elisa Granato et Edward O’Neill ont accepté que les caméras de télévision filment l’injection dans le gras du haut de leur épaule gauche.
Ce vaccin, et son efficacité si elle est prouvée, pourrait contenir la clé d’un retour à une vie normale, pourrait signifier qu’il est possible d’en finir avec cette épidémie. Mais il faudra attendre de longues semaines, peut-être plusieurs mois, avant d’être fixés. Ensuite, le cas échéant, sa fabrication en masse, pour vacciner un maximum de gens, prendra encore plusieurs mois.
Mais, déjà, la mise au point d’un premier vaccin en un temps record est, en soi, un petit miracle. Sarah Gilbert, professeur de vaccinologie à l’Institut Jenner, qui dépend de l’université d’Oxford, a conduit l’équipe de recherche pour la mise au point de ce vaccin. Elle reste prudente mais dit aussi avoir «personnellement […] un haut degré de confiance dans ce vaccin». «Bien sûr, nous devons le tester et récolter des données sur les humains. Nous devons démontrer qu’il marche vraiment et empêche la population d’être infectée par le coronavirus avant d’utiliser le vaccin sur un large éventail de la population», a-t-elle souligné. Mais le processus est en marche.
Deux groupes
Les premiers volontaires, un peu plus d’un millier donc, en bonne santé et âgés de 18 à 55 ans, ont été recrutés dans les régions du sud de l’Angleterre, autour d’Oxford, de Southampton, de Londres et de Bristol. Ils ont été divisés en deux groupes. L’un recevra le vaccin, l’autre, baptisé le «groupe de contrôle», un vaccin largement répandu contre la méningite. Les chercheurs ont décidé de ne pas utiliser un placebo, une solution saline en général, pour permettre aux patients de ressentir les éventuels effets secondaires «normaux» du vaccin et de ne pas savoir s’ils ont reçu une dose du vaccin anti-Covid-19 ou contre la méningite.
Sur tous ces volontaires, une dizaine a été sélectionnée pour recevoir deux doses du vaccin, à quatre semaines d’intervalle. Cet essai permettrait de déterminer si, à terme, les personnes âgées, au système immunitaire plus faible, auraient besoin de deux doses du vaccin pour se protéger.
Des testeurs exposés au virus
L’une des grosses difficultés de ce vaccin est que, pour vérifier son efficacité, il faut absolument que les personnes vaccinées soient exposées au virus. Or au Royaume-Uni, un plateau dans le taux d’infection pourrait avoir été atteint, diminuant ainsi le risque d’infection. C’est pourquoi les chercheurs ont demandé des volontaires plutôt dans la communauté des travailleurs de santé, a priori plus exposés au virus.
Nous nous lançons à la fin de la vague d’épidémie actuelle. Si nous ne l’attrapons pas, nous ne pourrons pas déterminer si le vaccin marche avant plusieurs mois», a souligné le professeur Andrew Pollard, directeur du Oxford Vaccine Group, en charge de l’essai.
Une autre équipe de chercheurs de l’université d’Imperial College à Londres a également mis au point un potentiel vaccin contre le Covid-19. Il devrait être testé sur des humains d’ici le mois de juin
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